Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/167

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pant leur végétation monstrueuse sur le ciel étoilé.

C’était charmant aussi, dans la fraîcheur du matin, de côtoyer les champs déjà herbeux et de voir, au premier rayon de soleil, onduler toute la plaine dans la bordure de fleurs éclatantes dont le printemps avait semé les fossés. Au milieu de la verdure argentée et mouvante des seigles, de frêles glaïeuls roses frissonnaient, les bourraches s’ouvraient comme des yeux bleus, et les grands coquelicots semaient l’herbe épaisse de leurs larges taches de sang. À l’imitation de toutes ces fleurs, je sentais mon cœur s’épanouir plus à l’aise ; je serrais la main de la Pamplina, et j’aurais voulu marcher ainsi toujours, sans arriver jamais…

Je me souviens avec délices d’une halte que nous fîmes vers le milieu du jour, dans la vallée du Genil, en vue de Loja. La galera, dételée, stationnait sur la route ; les mules paissaient çà et là au bord des talus. Le mayoral et la plupart des voyageurs étaient allés chercher des vivres à la ville voisine, dont nous voyions, de l’autre côté de la rivière, les tours d’église, les murs de couvent et les maisons couleur d’amadou se dé-