Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/170

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Elle s’arrêta comme pour reprendre haleine.

— Achève ! m’écriai-je anxieux, parce que ?…

— Parce que c’est à Grenade que demeure mon mari.

— Ton mari !… Vous êtes mariée ?

Il me sembla que le sol de la Vega s’ouvrait sous nos pieds, tandis qu’un crêpe noir tombait du ciel et enténébrait tout autour de moi. — Mariée !… Non seulement j’avais rompu mes vœux et abandonné le séminaire pour vivre avec une danseuse, mais maintenant à la faute du péché de fornication s’ajoutait celle du péché d’adultère, et c’était pour apprendre cela que je m’étais enfui de Séville !

— Oui, santito, je suis mariée ; tu l’aurais su un jour ou l’autre, et il est préférable que je te dise dès aujourd’hui toute la vérité… Pour Dieu, ne fais pas cette figure d’enterrement !… Non importa ! Sébastien Paco est aussi peu mon mari que possible ; seulement… c’est un misérable, et il me fait payer cher la liberté qu’il me laisse !

Je ne comprenais pas bien ce qu’elle voulait dire, et bouleversé par ce que je venais d’apprendre, je la pressais de questions. Alors, peu