Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/173

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Pamplina m’emplissaient d’une mélancolie noire qui me gâtaient jusqu’aux beautés de ce merveilleux pays, à l’heure même où le printemps, dans son plein épanouissement, le revêtait des plus adorables couleurs.

Dès le matin, je me hâtais de gravir la montée de los Gomeres et de pénétrer dans la magnifique futaie qui ombrage la colline de l’Alhambra jusqu’à l’entrée du Généralife. Les ormes et les frênes, les charmes et les sorbiers étaient dans toute la luxuriance de leur verdure nouvelle ; des centaines de rossignols chantaient sous les grands couverts ; des masses de fleurs bleues et blanches foisonnaient au bord des rigoles où bourdonnait une eau claire et glacée, alimentée par les neiges éternelles de la Sierra. Je passais de longues heures contemplatives dans la cour des Lions, ou sous les voûtes de la salle des Abencerrages aux sculptures pareilles à des stalactites bleuâtres. Partout je trouvais des eaux jaillissantes, une lumineuse fraîcheur, des recoins ombreux au fond desquels, par les doubles baies des arcades brodées à jour, j’apercevais l’azur du ciel à travers les mobiles découpures des orangers. — Hélas ! en dépit des