Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/177

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était pluvieuse, très obscure, et je suivais mon guide en trébuchant dans les sentiers boueux qui coupaient en écharpe la pente boisée. En quittant le couvert des arbres, nous arrivâmes à un carrefour où se dressait, isolée, une maison de pauvre apparence, dont l’unique fenêtre grillée ne laissait passer aucun rayon lumineux.

— C’est ici, murmura l’enfant.

En même temps, elle frappait violemment de son petit poing la lourde porte percée d’un guichet également grillé. Après un moment, quelqu’un de l’intérieur vint parlementer à travers le grillage ; puis, ayant probablement reçu un ordre de passe, se décida à ouvrir. La clé tourna péniblement dans la serrure ; une femme portant une lampe de cuivre entr’ouvrit le battant, me fit signe d’entrer et congédia la petite fille. Marchant sur les talons de ma nouvelle conductrice, je descendis les degrés d’un escalier humide, et je pénétrai dans une salle voûtée, assez obscure, où deux filles basanées, que je reconnus pour des gitanas du Monte-Sacro, dansaient en agitant leurs castagnettes, tandis que deux vieilles, accroupies sous le manteau de la cheminée, chauffaient leurs mains noires à un feu de souches d’olivier.