Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/183

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du pied avec rage et me poussant par le bras :

— Tue-le !… Mais tue-le donc ! me cria-t-elle, exaspérée.

Mes oreilles tintaient, de violentes bouffées de colère me montaient à la tête et m’aveuglaient… Je bondis sur Paco et lui plantai la navajà dans la poitrine.

Il fit : « Ha ! » et tomba la face contre terre dans un vomissement de sang.

Au bruit de la dispute, les bohémiennes de la pièce voisine étaient accourues ; l’une d’elles entr’ouvrit la porte, aperçut le cadavre et s’enfuit en se lamentant bruyamment. J’étais devenu pâle, j’avais lâché la navajà et je me sentais défaillir… La Pamplina me secoua avec violence.

— La police va venir, me dit-elle d’une voix brève, il ne faut pas qu’on te trouve ici… Vite ! vite !

Avec la même insouciante légèreté que lorsqu’elle passait en dansant sur le manteau étendu de son danseur, elle sauta par-dessus le corps qui barrait la porte, m’entraîna tout frémissant d’horreur dans le couloir, monta quelques marches et ouvrit une lucarne qui donnait sur les champs.