Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/188

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je ne cherchais qu’à me faire tuer. Au combat de la Cenia, je reçus une balle dans la poitrine ; j’espérais bien en mourir, mais Dieu ne voulait pas encore de moi : on me soigna, on me guérit, je remontai à cheval et j’arrivai à Berga au moment où Cabrera passait en France avec les débris de son armée… Toute résistance était devenue impossible ; j’errai pendant quelques jours dans les Pyrénées ; j’atteignis Perpignan à demi mort de faim et de fatigue, et me voici…

L’histoire de don Ramon m’intéressait si vivement que j’avais passé ma tête hors du rideau pour mieux entendre… Dans un mouvement que je fis pour allonger le cou, mon livre, glissant de mes genoux, tomba à terre, et les deux Espagnols s’aperçurent tout d’un coup de ma présence.

— Quel est cet enfant ? demanda don Ramon en fronçant le sourcil.

— Un voisin… Non importa ! répondit l’abbé Palacios… Va-t’en, petit, laisse-nous… Le señor et moi avons à causer de choses sérieuses.

Je sortis, à mon grand regret, et je n’eus plus l’occasion de revoir don Ramon, bien qu’il se fût établi à Villotte. À la fin des vacances, ma