Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/228

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— Et depuis ? vous voulez me persuader que vous n’avez brûlé d’amour que pour moi ?

— Mon Dieu, oui…

— Aucune femme n’a fait battre à votre cœur le grand tictac de la passion ?

— Aucune.

— Allons donc !… Et cette fille aux yeux bleus qui vous sert de gouvernante ?… Vous avez le front de me soutenir que vous ne lui avez jamais dit de très près qu’elle était jolie ?

— Marie-Ange ?

— Oui, cette rose de haie qui est, ma foi, fort épanouie, avouez, mauvais sujet, que vous l’avez un tantinet effeuillée !

— D’abord, je pourrais vous répondre qu’elle ne compte pas… L’amour n’a rien à voir là dedans ; et puis, vrai, est-ce que vous pouvez vous comparer à une petite servante, pour laquelle on a une passade d’un jour, vous qui êtes une reine de beauté et qui avez droit à l’amour le plus ardent et le plus exclusif !… »

Derrière la roche où elle s’était tapie, Marie-Ange se mordait les lèvres et se comprimait la gorge pour ne pas crier. — Ainsi, il la reniait,