Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bourrades des gardiens, les verrous de la prison, et leur insufflaient des désirs de révolte et d’école buissonnière.

Parmi les moins disciplinés et les plus impatients du joug se trouvait notre ami Bigarreau.

La veille, au sortir du logis du garde général, il s’était empressé d’employer une partie de son argent à acheter un paquet de cigarettes et une boîte d’allumettes. Ses nouvelles acquisitions étaient cachées dans les poches de son pantalon, et, depuis le matin, il les tâtait de temps à autre, avec une paternelle sollicitude, en se promettant « d’en griller une, » dès que Seurrot aurait le dos tourné.

La tâche de la journée était coupée par un repos d’une demi-heure, et à ce moment-là le gardien se relâchait un peu de sa surveillance méticuleuse. Seurrot avait le cœur tendre, et les yeux luisants de l’hôtesse du Lion d’Or l’attiraient invinciblement vers le verger de l’auberge, situé en contre bas du chantier. Bigarreau avait tablé là-dessus. Dès que le gardien chef eut pris le chemin du verger, le numéro vingt-quatre se glissa, avec des ondulations de couleuvre, dans les genévriers du talus, gagna le taillis et,