Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/241

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d’une chattière percée dans la toiture, tomba soudain d’aplomb sur les panneaux, et alors, grâce à cette traînée lumineuse, j’aperçus les trésors de l’armoire au spectre : boîtes de marqueterie, scintillements de boucles et de tabatières ornées de cailloux du Rhin, mules de satin à hauts talons, rubans lamés d’or et d’argent, jupes de gros de Tours et de lampas, dont les cassures miroitaient dans l’ombre… Je ne pus retenir un mouvement admiratif qui trahit ma présence et qui perdit tout. Le massif battant se referma, et mademoiselle Sophie, me prenant par l’oreille, m’intima l’ordre d’aller voir en bas si elle y était.

Je m’éloignai, mais avec le sentiment d’une curiosité mal satisfaite et avec le violent désir de contempler plus à mon aise les richesses contenues dans la spacieuse armoire. Cette rapide vision à travers le battant entre-bâillé m’avait laissé dans les yeux un chatoiement qui m’obsédait. Dès que je pouvais me faufiler au grenier, je m’approchais avec précaution de l’armoire fermée, j’en tâtais les moulures feuillagées, je mettais un œil au trou de la serrure, j’aspirais par les fentes une vague senteur d’herbes aro-