Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/248

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m’avait pas menti, et c’était bel et bien un spectre que je venais de réveiller dans l’armoire du grenier. Je me retournai plus d’une fois avec inquiétude, m’imaginant que le fantôme de Joseph Guiod me posait soudain sa main sur l’épaule. Sa jolie tête, si jeune et si éveillée, était sans cesse devant mes yeux. D’où venait ce Joseph Guiod et qu’était-il devenu ? Quelle pouvait être cette jeune fille à laquelle il adressait un adieu si tendre, et dont le nom manquait sur la suscription du billet ? Qu’était-elle devenue à son tour ? C’était tout un roman, et il me passionnait bien autrement que les amours pastorales des Galatées et des Amarillys de Virgile !… J’évoquais en pensée l’amoureuse inconnue du pauvre Joseph. Je me la peignais jeune, charmante, avec des yeux humides et tendres, des cheveux châtains noués d’un ruban et s’échappant en boucles soyeuses d’un de ces bonnets à longues barbes, comme on en voit dans les portraits de Charlotte Corday.

Je tirai de ma poche l’in-32 que j’avais dérobé et où je comptais trouver d’autres éclaircissements. C’était, je l’ai dit, un mignon volume relié en maroquin rouge et doré sur tranche. Il