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vert, son papier de tenture et ses fauteuils de drap du même ton, ses canonniers et sa bibliothèque d’acajou. Le parquet soigneusement ciré reflète comme un miroir la froide symétrie de ce mobilier administratif, et la glace de la cheminée renvoie avec la même correcte fidélité l’image d’une pendule-borne de marbre noir, accostée de deux lampes de bronze et de deux flambeaux dorés. Tournant le dos à la cheminée, le sous-directeur, Hubert Boinville, travaille penché sur le large bureau d’acajou encombré de dossiers. Il relève sa figure grave et mélancolique, encadrée d’une barbe brune où brillent çà et là quelques fils gris, et ses yeux noirs aux paupières fatiguées laissent tomber un regard sur la carte que lui tend le digne et solennel huissier. Sur ce petit carré de bristol, il y a écrit à la main, d’une écriture vieillotte et tremblée : « Veuve Blouet. » Le nom ne lui apprend rien, et, tout en rejetant la carte au milieu des dossiers, il a un geste d’impatience.

— C’est une vieille dame, ajoute l’huissier, faut-il la renvoyer ?

— Faites-là entrer, répond le sous-directeur d’un ton résigné.