Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/38

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cueillette du matin ; il y avait ici tout plein de framboises, et il n’en reste plus la queue d’une !

En achevant, elle rit aux éclats, et cet accès de bonne humeur poussa Bigarreau dans la voie des aveux.

— C’est de la viande creuse ! soupira-t-il en lorgnant le quignon de pain bis de la jeune fille ; ça ne tient pas à l’estomac.

Elle parut comprendre l’éloquence de cette œillade intéressée :

— Si vous avez faim, reprit-elle brusquement, il faut le dire… Je vous donnerai volontiers la moitié de mon pain.

— Ce n’est pas de refus, car je n’ai rien mangé depuis hier au soir.

Elle rompit le morceau de pain en deux et le tendit gentiment à son interlocuteur avec le panier de fraises.

— Ne vous gênez pas, ajouta-t-elle, j’en ai à ma suffisance.

Il ne se fit pas prier, et il joua des dents. Il dévorait. Elle s’était accroupie dans l’herbe et le regardait, avec un demi-sourire d’ébaubissement, engloutir le pain et les fraises. Il finit par être