Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/51

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Dans un élan de gratitude, il saisit la main de Norine et la pressa entre ses gros doigts meurtris.

La fillette garda la main du détenu dans la sienne, et ils se dirigèrent ainsi vers l’atelier en plein vent, où le père Vincart s’était remis à dégrossir son sabot.

— Voici Claude Pinson, dit Norine.

Le sabotier leva le nez et toisa des pieds à la tête Bigarreau, qui frottait d’un air confus sa main contre son pantalon.

— C’est un gaillard ! murmura enfin le sabotier d’un ton satisfait, et s’il a aussi bonne envie de travailler qu’il a bonne mine, nous pourrons nous arranger… Mon gars, Norine m’a parlé de toi, et je te prends à l’essai ; nous verrons ce que tu sais faire… Ici, il faut trimer dur, mais on n’est pas battu… Ça te va-t-il ?

— Oui, m’sieu.

— Eh bien ! pour aujourd’hui, la gachette va te mettre au courant du métier, car elle s’y entend comme un homme, et elle n’a pas son pareil pour manier le paroir et donner le fion à un sabot… Demain, je te planterai un outil dans la main, et nous saurons de quoi tu es capable.