Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/71

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— Raison de plus pour tâcher d’y rester ! s’écria Norine en fronçant le sourcil et en sautant impétueusement hors de l’eau… Vous ne pensez qu’à vous ! continua-t-elle avec humeur et d’un ton de reproche.

Elle était allée s’asseoir au soleil, parmi les serpolets du talus et elle s’y était étendue d’un air boudeur, les coudes dans l’herbe, les doigts enfoncés dans ses cheveux ébouriffés. Bigarreau alla l’y rejoindre.

— Je vous ai fâchée, Norine ? demanda-t-il.

— Oui, répliqua-t-elle avec dépit ; vous vous entêtez à ne rien écouter et vous ne vous inquiétez pas de ce qui tourmente les autres.

Il lui prit le bras et s’efforça de lui découvrir la figure, qu’elle s’obstinait à tenir cachée dans ses mains :

— Pardon, ma petite Norine ! balbutia-t-il avec des intonations suppliantes, je n’avais pas intention de vous faire de la peine… Si je ne pense qu’à moi, c’est une mauvaise habitude que j’ai prise dans le temps, personne avant vous ne s’étant jamais inquiété de ce qui pouvait m’arriver… Mais il faudrait être le dernier des sans-cœur pour oublier vos bontés !