Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/130

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vrières avaient relevé la tête et regardaient Héloïse.

— Quant à moi, continua-t-elle, on conviendra au moins que je n’y ai pas été prise et que je me suis tenue sur mes gardes.

Mademoiselle Célénie agita nerveusement son aune, et de sa voix la plus virile :

— Héloïse, s’écria-t-elle impatientée, vous avez une manière de dire les choses qui me fait bouillir le sang… Où voulez-vous en venir avec vos proverbes ?

— Pardon, Mademoiselle, laissez-moi un peu respirer… Je suis encore ahurie de ce que j’ai vu.

— Vu, quoi ? … reprit mademoiselle Célénie.

Héloïse coiffa solennellement une tête de carton avec le chapeau qu’elle était en train de confectionner, puis regardant son auditoire :

— Eh bien ! commença-t-elle enfin, que diriez-vous si vous appreniez que mademoiselle de Mauprié n’a pas bougé de la ville, et que son prétendu voyage à Lachalade n’était qu’une invention ?

Elle secoua la tête et ses regards triomphants firent le tour de l’atelier.

— Qu’est-ce que vous me contez là ? s’écria mademoiselle Célénie en haussant les épaules.

— Je n’ai pas l’habitude de faire des contes,