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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/134

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plus occupée que jamais à tailler des patrons de robe. Gertrude alla se débarrasser de son costume de voyage, et lorsque, après quelques instants passés dans sa chambre, elle reprit sa place près de l’estrade d’Héloïse, celle-ci, rassemblant précipitamment ses ciseaux, ses rubans et sa boîte à ouvrage, recula sa chaise et ramena les plis de sa jupe, comme si elle eût craint le contact d’une pestiférée.

Cependant Héloïse était démangée de l’envie de parler ; il lui tardait de prendre sa revanche, de confondre sa rivale par une parole bien sentie et de lui prouver qu’elle n’était pas dupe. Dès qu’elle vit Gertrude installée, elle profita du plus beau moment de silence, et d’une voix ironiquement mordante :

— J’espère, dit-elle très haut, que vous avez fait un bon voyage, mademoiselle… Comment se porte votre cousin ?…

— Héloïse ! interrompit mademoiselle Célénie.

Jamais l’organe viril de mademoiselle Pêche cadette n’avait encore donné un volume de son aussi formidable. Ce fut comme un coup de tonnerre. La grande Héloïse obéit à cette foudroyante injonction et se renferma de nouveau dans un superbe silence. Quant à Gertrude, aussi étonnée de la colère de mademoiselle