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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/189

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avec affectation de jeter un voile sur ce désastre de famille, elle ne laissait échapper aucune occasion de répandre les nouvelles rapportées de B… par Honorine. Madame de Mauprié, du reste, y aidait elle-même. Elle se gardait de dire la chose ouvertement, mais lorsqu’on lui parlait de Gertrude, elle avait une mine si mélancolique, elle poussait de tels hélas ! et se servait de si perfides insinuations, que la culpabilité de sa nièce n’en devenait que plus évidente pour l’auditoire.

Bientôt le village entier ne douta plus de la faute de Gertrude.

Celle-ci, confinée dans sa solitude de l’Abbatiale, ignorait tout ce bruit. Très occupée de l’installation de l’enfant, elle avait à peine mis les pieds dehors depuis huit jours. L’orphelin était arrivé nu comme un ver, et il avait tout d’abord fallu s’occuper d’un trousseau. Grâce à la fille du vannier, Gertrude avait mené cette tâche à bonne fin. Maintenant le marmot avait le nécessaire ; il était chaudement emmailloté, tendrement choyé par ceux qui l’entouraient, aussi sa figure s’était épanouie ; il ne pleurait presque plus, gazouillait comme un jeune merle et se prélassait comme un petit roi dans sa bercelonnette. Sa voix argentine, ses mignonnes