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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/202

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— Et maintenant, pauvre petiot, pensa-t-elle, nous voilà liés l’un à l’autre, et je te consacrerai toutes les heures de ma vie.

Elle était plus calme, et se sentait satisfaite d’avoir soulagé son cœur. Elle avait agi comme elle devait ; c’était aux autres maintenant à croire ce qui leur semblerait juste et vrai. Elle avait jugé inutile de pousser plus loin ses confidences et de révéler à des étrangers le secret de ce vieillard maintenant étendu sous la terre humide du cimetière. Que lui importait à présent l’opinion du village ? Pour un seul être au monde elle aurait consenti à trahir son secret, et celui-là justement lui avait retiré le premier sa confiance… A cette heure elle avait sa conscience pour elle, et dans le naufrage de son amour cet appui lui suffisait.

— Je t’aimerai et je te servirai de mère, disait-elle à l’orphelin en le pressant contre sa poitrine.

Et elle songeait à ces vieilles demoiselles, filles ou sœurs de verriers, dont elle avait vu parfois les portraits ou dont son père lui avait conté l’histoire, — pieuses et nobles filles qui gardaient le célibat et sacrifiaient leur jeunesse par dévouement pour leur maison.

— Je ferai comme elles, pensait-elle tout bas.