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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/210

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heureuse, et je viens tout carrément vous demander votre main.

Elle eut d’abord un mouvement de stupeur ; puis un léger sourire courut sur ses lèvres. Enfin elle retrouva tout son sang-froid, et levant ses grands yeux limpides vers Gaspard, qui attendait sa réponse en se mordant les moustaches :

— Merci, mon cousin,… mais j’ai résolu de rester fille.

Gaspard haussa les épaules et sa figure prit un air de compassion.

— Vous avez là, dit-il sur un ton de condoléance, des scrupules et une délicatesse qui vous honorent ; mais si de sottes gens ont pu s’offusquer de ce que votre position a… de singulier, soyez persuadée que tout le monde ne partage pas ces faiblesses-là… Quant à moi, je suis prêt à vous épouser, en dépit de cette ridicule histoire d’enfant..

A chaque mot qu’il prononçait, Gertrude devenait de plus en plus pâle. A la fin, elle l’arrêta d’un geste énergique :

— Assez ! s’écria-t-elle d’une voix vibrante ; ne comprenez-vous pas que vous m’insultez ?

Gaspard, effrayé de l’expression de colère et de dégoût que prenaient les traits de sa cousine,