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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/26

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cela ne serait rien si Reine et Honorine étaient établies. Ah ! mes pauvres filles, je crains bien que vous ne coiffiez sainte Catherine !

Cette perspective mettait Reine en fureur.

— Et songer, s’écria-t-elle avec un geste de dépit, que si ce ladre d’oncle Renaudin avait voulu, nous aurions pu faire un beau mariage ! Cela lui aurait si peu coûté de nous doter !… Il ne dépense rien et sa maison regorge de tout.

— Oui, soupira Honorine, lorsque nous lui avons fait visite pour la dernière fois, les armoires de la salle étaient ouvertes… Je vois encore les belles piles de linge et les paniers pleins d’argenterie…

— Et le cellier plein de provisions ! ajouta la veuve.

— Et les meubles de soie entassés dans la chambre de réserve ! murmura la cadette.

— Ah ! dit Honorine, qui devenait enragée rien qu’en écoutant cette énumération, si l’oncle ne veut plus nous voir, c’est bien votre faute, à toi et à Gaspard ! Il fallait l’adoucir et le gagner par des égards, tandis que vous l’avez irrité avec vos grands airs et vos plaisanteries. Au lieu de le traiter tout haut d’Harpagon, si Gaspard lui avait porté un lièvre de temps à autre, tout se serait raccommodé.