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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/262

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plus au charme printanier qui troublait Véronique.— Tandis qu’elle marchait rapidement en s’exhortant à la lutte et en cherchant à secouer la langueur qui la gagnait peu à peu, elle entendit un bruit de pas, et vit Gérard s’avancer sous les pommiers de la grande allée.

Elle s’arrêta brusquement et l’attendit, immobile comme une pâle statue sous les bleuâtres rayons de la lune. Quand il fut près d’elle :

— Ma tante et ma cousine sont sorties, dit-elle d’une voix âpre, ne le saviez-vous pas ?

— La servante vient de me l’apprendre, répondit-il, mais elle m’a dit que vous étiez au jardin… et j’ai pensé que vous me permettriez de vous y tenir compagnie.

Un refus aurait pu lui montrer qu’elle avait peur et l’enhardir ; elle le comprit et se borna à faire un muet signe de tête, puis elle reprit lentement sa promenade entre les hautes bordures de buis. Gérard marchait à ses côtés, embarrassé de ce long silence et de ce froid accueil, et refoulant au fond de son cœur les sentiments qui l’avaient poussé, par cette soirée de mai, vers la maison de la place Verte.— Par instants, on entendait le bouillonnement lointain de l’Aire qui courait dans les prés, au bas des terrasses du verger. Tout à coup le chœur des Trimazeaux