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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/264

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Sous l’aiguillon de cette pensée, elle pressait le pas comme pour échapper par une marche rapide aux dangers du tête-à-tête. Tout à coup elle poussa un léger cri et posa instinctivement sa main sur le bras du jeune homme ; elle venait de se heurter à une souche d’arbre, et son pied avait tourné.

— Vous vous êtes fait mal ? dit Gérard en la forçant à prendre son bras.

— Non, répondit-elle, j’ai seulement le pied un peu engourdi.

Elle se remit à marcher, mais plus lentement et sans se séparer de son compagnon. Elle sentait, au tremblement du bras sur lequel se posait le sien, combien Gérard était ému ; elle voyait au clair de lune ses lèvres s’entr’ouvrir, prêtes à laisser échapper enfin le mot qu’elle redoutait. Elle fit un effort énergique, et résolut d’aller au-devant du danger. Elle s’arrêta, quitta le bras de Gérard, et le regardant courageusement en face.

— Vous êtes un cœur loyal, monsieur La Faucherie ? demanda-t-elle.

— Avez-vous quelque raison d’en douter ? dit-il d’une voix troublée.

— J’espère que non, et j’attends de vous une réponse loyale… A quel titre pensez-vous être reçu chez ma tante ?