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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/304

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dont l’unique souci était de marier sa fille avant de mourir.— Dans cette petite ville venait souvent M. du Tremble, le verrier de Bronnenthal. Avec sa faconde et ses manières câlines, il avait su séduire la mère de Véronique. Influencée par elle, pressée par des amis communs, la jeune fille l’avait accueilli comme fiancé. Ce mariage avait été conclu avec une impatience et une légèreté sans exemple, et Véronique s’était trouvée liée à jamais à M. du Tremble, sans avoir eu le temps de le connaître… Elle n’avait eu que trop le loisir de l’étudier ensuite à Bronnenthal !… Du moins sa mère n’avait rien su de ses souffrances. Elle était morte six mois avant la rupture de ce mariage tant hâté. Devant les yeux de Véronique se dressèrent, un à un, les fantômes des journées qui avaient précédé le jugement de séparation… Quels combats n’avait-elle pas dû livrer pour maintenir ce qu’elle croyait son droit ? Au seul mot de séparation judiciaire, son oncle et sa tante Obligitte avaient jeté les hauts cris. On lui avait répété qu’une femme, en se séparant de son mari, mettait par ce seul fait tous les torts de son côté, que le monde ne lui pardonnerait jamais sa position irrégulière, et que mieux valait se résigner… Mais elle avait persisté énergiquement,