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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/313

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— Oui, reprit Gérard, c’est de sa bouche que j’ai appris que vous n’étiez plus libre… Et quand tout m’a été révélé, je ne vous ai que plus admirée et plus fortement aimée…

— Puisque vous savez qui je suis, quittez-moi… Je vous en supplie !… Vous le voyez, je n’ai pas même la force de vous répondre…

— Oui, je le vois, répliqua-t-il d’un air navré, je suis maladroit… Ma main appuie douloureusement sur la plaie qu’elle voudrait guérir.

Elle secoua la tête : — Il y a des blessures qu’on ne guérit jamais.

— Pourquoi vous défiez-vous de moi ? s’écria Gérard en se rapprochant d’elle d’un air suppliant ; le hasard, en me rendant le confident involontaire de votre secret, m’a presque donné le droit de m’associer à vos chagrins… Me prenez-vous pour un de ces adorateurs vulgaires, qui ne savent prodiguer à une femme que leurs inutiles soupirs et leurs attentions compromettantes ?

— Je ne vous fais pas cette injure ; je sais que vous avez une âme généreuse, mais…

— Mettez-la à l’épreuve… Mon affection sera dévouée sans être importune. Je serai l’ami inconnu qui ne se montre qu’aux heures difficiles, prend sa part du fardeau et disparaît ensuite.