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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/334

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de cette crise heureuse, le vieil homme avait disparu pour faire place à un du Tremble tout neuf, plein de belles intentions. Il avait dépouillé ses habitudes grossières ou cyniques pour laisser reparaître le gentilhomme souple, insinuant et disert que Véronique avait jadis connu à Bronnenthal. Sa parole avait retrouvé ses inflexions les plus caressantes, et quand il remerciait Véronique, c’était avec des larmes dans la voix. Parfois même sa reconnaissance prenait des formes si tendres et se manifestait par de si vives démonstrations, que la jeune femme embarrassée se dérobait au plus vite à cette effusion qui lui répugnait. Il faisait de grands projets de travail. A l’entendre, l’oisiveté lui pesait et il avait hâte de remettre la verrerie en activité.— Patience ! disait-il, j’étonnerai bien du monde ; il s’agit de tout autre chose que de souffler de misérables fioles, je reprendrai mes expériences sur le verre mousseline et on verra merveilles ! — En attendant, il faisait ses quatre repas, buvait gaiement un vin de Bordeaux que Véronique se procurait à grand’peine, et le soir, mis en bonne humeur par une facile digestion, il ne tarissait pas sur les qualités de « sa vaillante femme », se déclarant prêt à tout pour lui prouver sa gratitude.