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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/62

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bise, avait des pleurs dans les yeux. Elle écoutait pensivement le bruit berceur des sonnailles, elle regardait le ciel où de longs nuages couraient avec une hâte furibonde, le taillis où les chênes entre-choquaient leurs branches encore couvertes des feuilles de l’an passé, les oseraies rougeâtres qui bordaient le cours de la Biesme ; puis elle se sentait un poids plus lourd sur le cœur et cherchant la cause de ce redoublement de peine, elle la trouvait dans l’absence étrange de Xavier. « Pourquoi n’est-il pas venu me serrer la main ? » se demandait-elle. Cet oubli lui paraissait tellement inexplicable, qu’elle n’eût pas été étonnée de voir tout à coup Xavier sortir du bois et accourir au-devant d’elle. A chaque point noir qui apparaissait au loin : « Est-ce lui ? » se disait-elle.— Puis le point grandissait, et c’était un cantonnier cassant des pierres ou un mendiant courbé sous sa besace, qui cheminait en comptant sa recette de vieux sous.

Le brioleur Herbillon, qui était un brave homme et qui la voyait triste, essayait de la distraire en lui contant des histoires de chasse. De temps à autre, tout en talonnant son mulet, il entonnait une vieille chanson du pays, à laquelle les tintements des sonnailles formaient un