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Page:Theuriet - Gertrude et Véronique, 1888, 4e mille.djvu/80

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on se la montrait de loin ; et vers quatre heures, chaque jour, les jeunes clercs, les fils de fabricants et les surnuméraires des contributions venaient parader sur le trottoir de la rue Entre-Deux-Ponts, afin de l’entrevoir derrière les rideaux ; — ce qui excitait vivement l’indignation de mademoiselle Célénie et lui faisait brandir son aune d’une façon expressive. Tout ce manège, naturellement, agréait très peu à la grande Héloïse. Après avoir trôné seule pendant si longtemps, elle se sentait amoindrie et reléguée au second plan, et son dépit contre Gertrude grandissait de jour en jour.

Celle-ci, cependant, ne paraissait pas se préoccuper de tout ce bruit, et son succès ne l’enorgueillissait guère. Les œillades admiratives des jeunes gens de B… ne l’intéressaient que médiocrement ; sa pensée était ailleurs. Son seul plaisir consistait, le dimanche, à passer quelques heures dans un jardin que possédaient les demoiselles Pêche, sur la promenade des Saules. Ce jour-là, après les vêpres, les modistes prenaient avec elles quelques-unes de leurs ouvrières et on allait souper au jardin. Le petit enclos descendait en pente douce jusqu’à un bras de l’Ornain coulant à l’ombre d’une allée de platanes. Il était abondamment planté de