dans le personnage de Lafcadio, les traits du jeune homme, et surtout du jeune littérateur, de la génération qui venait. La génération de 1914 a proustisé en ce sens qu’elle s’est mise à l’école de psychologie de Proust, mais nullement en ce sens qu’elle aurait vécu à la manière des personnages de Proust, à commencer par celui qui dit Je, lesquels appartiennent bien à la fin du XIXe siècle et à l’époque de la jeunesse de l’auteur. Au contraire, elle a gidisé en ce sens que c’est bien en avant qu’est lancé le personnage de Lafcadio, comme l’étaient d’ailleurs ceux de l’Immoraliste et des Nourritures Terrestres.
Lafcadio, l’aventurier de l’acte gratuit, est un aventurier bourgeois, cosmopolite, né dans l’argent et pour qui c’est une chance, ou une carrière, d’être enfant naturel. La fraîcheur de Meaulnes lui vient au contraire de sa source populaire, de son adhérence au provincial, au primaire, à l’école du village. L’aventure de Meaulnes se confond avec la poésie. Les Caves ont ajouté au romanesque volontaire d’après 1914, mais Meaulnes a ajouté à la poésie de cette génération, d’une génération qui d’ailleurs a dû faire en partie dans le roman ses remontes de poésie.
L’aventurier peut tenir tout entier dans le village de la Chapelle d’Angillon. Au contraire, l’aventure a besoin de l’espace, de la planète. Le roman de l’aventure conduisait au roman planétaire.