Page:Thibaudet – Trente ans de vie française – Volume I.djvu/99

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n’agréent point à des délicats excessifs peuvent fort bien avoir été pour elle des éléments de succès.

L’essentiel est que des idées réelles se soient développées et soient devenues vivantes, que tout ce fluide et ce lumineux aient éclairé, baigné, découpé des contours harmonieux et solides. Lumière d’Attique, atmosphère de Provence ont pu donner à M. Maurras une limpidité d’esprit, une clarté et une distinction de pensée. Mais une idée romaine, une idée française, sont pour lui des réalités extérieures, substantielles, plastiques. Le Ziem des Martigues, au centre de sa fabrique, en se tournant à droite trouvait la lagune de Venise, en se tournant à gauche le Bosphore, deux mondes de brume, d’humidité et de reflet. M. Maurras, bien moins coloriste que dessinateur et sculpteur, des deux côtés de son atelier en plein air, voit faites de la pierre romaine et de la terre de France une Idée de l’Église et une idée du Roi. C’est, dans son esprit, la part de l’extérieur, de l’institution, du permanent. Ce sont ces œuvres, ces réalités, ces solides, qu’il nous appartient d’examiner.