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Page:Thibaudet - La Campagne avec Thucydide, 1922.djvu/233

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CHAPITRE VII

LES DEUX GUERRES

La ressemblance de la guerre du Péloponèse et de la grande guerre d’Europe frappait en Allemagne, dès le début, bien des esprits[1]. Dans les pays anglo-saxons au contraire on était plus sensible aux analogies de notre guerre avec la guerre de Sécession[2]. En France les politiques avaient une tendance à y voir une suite et une forme nouvelle des grandes guerres européennes depuis Charles-Quint[3]. Les trois ressemblances existent et gardent leur raison d’être. La première se réfère mieux à l’idée de la guerre générale, à la permanence de ses formes abstraites : elle paraît cependant paradoxale quand on songe à la différence profonde d’un État moderne et d’une cité grecque. La deuxième correspond à un rapport de rythme intérieur et de conditions matérielles ; mais les dissemblances restent énormes, et, tandis que la guerre de Sécession comportait un terme, une fin absolue dans la victoire de l’un des partis, la guerre

  1. Voir article d’Erich Beths, in Neue Jahrbücher für Klass. Altertum, 1917.
  2. Voir le résumé de ces vues dans Roupnel, Grande Revue, 1915.
  3. Voir Bainville, Histoire de Deux Peuples.