Aller au contenu

Page:Thibaudet - La Campagne avec Thucydide, 1922.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cieusement, dans un ciel plus pur, un véritable esprit européen.

Je songe plus longtemps, peut-être, éperdûment
À l’autre, au sein brûlé d’une antique Amazone.

Mais plus probablement, dans deux domaines différents et hostiles, elle tentera les deux entreprises. C’est par là que passera le plan d’une division des esprits qui élèvera aux proportions d’un grand drame humain un vieux drame français, l’affaire Dreyfus.

Le nationalisme français est à l’heure présente le seul qui offre une véritable organisation intellectuelle, une doctrine. Sans doute l’exemple de la France agira-t-il (en partie contre la France) comme un aiguillon, et une grande poussée de pensée nationaliste germe-t-elle aujourd’hui obscurément sous toute terre d’Europe. Naturellement et par définition, ces nationalismes se heurteront, et même si nous devions entrer dans de longues années de paix matérielle, il faudrait prévoir une suite de conflits spirituels entre les génies des peuples d’Europe, les anciens et les nouveaux. Ces courants nationalistes n’iront pas sans des courants internationalistes et des courants individualistes (dans la mesure où l’individualisme prend la forme grégaire d’un courant). Toutes ces formes de vie spirituelle tendront à s’exaspérer, à s’opposer par le contraste. Et aussi, ne l’oublions pas, à se féconder. L’une naît de l’autre. Il y a dans ce monde de l’esprit une véritable génération des contraires comme celle du Phédon.

L’essentiel est que chacune de ces trois tendances se réalise dans un style mâle, puissant et dur, nourri de réalités, d’énergie, de beauté, non en ces formes faciles qu’elles prennent d’elles-mêmes dans la vie spontanée. Il