Page:Thibaudet - La Poésie de Stéphane Mallarmé.djvu/282

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Grâce à lui, si l’une orne à point un sein fané
Par une rose qui nubile le rallume,
De la bave luira sur son bouquet damné.

XIV

Et ce squelette nain coiffé d’un feutre à plume
Et botté, dont l’aisselle a pour poils de longs vers,
Est pour eux l’infini de la vaste amertume.

Et ce squelette nain coiffé d’un feutre à plume
Et botté, dont l’aisselle a pour poils vrais des vers,
Est pour eux l’infini de la vaste amertume.

XV

Et si rossés, ils ont provoqué le pervers,
Leur rapière en grinçant suit le rayon de lune
Qui neige en sa carcasse et qui passe au travers.

Vexés ne vont-ils pas provoquer le pervers,
Leur rapière grinçant suit le rayon de lune
Qui neige en sa carcasse et qui passe au travers.

XVI

Malheureux sans l’orgueil d’une austère infortune,
Dédaigneux de venger leurs os de coups de bec
Ils convoitent la haine et n’ont que la rancune.

Désolés sans l’orgueil qui sacre l’infortune
Et tristes de venger leurs os de coups de bec,
Ils convoitent la haine, au lieu de la rancune.

XVII

Ils sont l’amusement des râcleurs de rebec,
Des femmes, des enfants et de la vieille engeance
Des loqueteux dansant quand le broc est à sec.

Ils sont l’amusement des râcleurs de rebec,
Des marmots, des putains et de la vieille engeance
Des loqueteux dansant quand le broc est à sec.