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392 LA POÉSIE DE STÉPHANE MALLARMÉ

qui vont suivre ici, L’Après-Midi, La Prose, Un Coup de Dés, le sujet du poème est encore le poème lui-même, la matière du poème est le fait poétique. Hormis quel- ques sonnets d’amour qui furent écrits pour une per- sonne ou à une occasion déterminée, hormis d’autres sonnets qui appliquent, par essai et par curiosité, « études en vue de mieux comme on essaie les becs de sa plume avant de se mettre à l’œuvre », sa méthode ailusive à tels meubles de sa maison, ’Mallarmé n’a guère conçu l’écrit que comme la conscience angoissée, ironique, lucide ou orgueilleuse de l’écriture. Et l’on peut bien, si l’on veut, faire dériver du Parnasse et de la doctrine de l’art pour l’art cette conséquence paradoxale. Héro- diade nous y aide. Mais on conçoit qu’une telle poésie, en même temps qu’elle s’exalte vers un purisme déses- péré, soit balancée entre une image de stérilité dans l’achèvement, une image de vain désir dans la fuite. Je ne conclus pas, car je passe à trois autres chants discon- tinus du même poème. Que seulement, plus tard, le lo- gicien excentrique d’Un Coup de Dés nous rappelle, comme principe auquel le rattache une route très droite, le poète d’Hérodiade.