Aller au contenu

Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tique. C’est ainsi que la première n’est représentée au Parlement qu’avec une mauvaise conscience, qu’elle y est un amour (du passe) qui n’ose pas dire son nom, tandis que la dernière puise une partie de sa force, même spirituelle, dans sa puissance et son allure parlementaires. Du Parlement qui siège au Luxembourg et au Palais-Bourbon on pourrait dire à peu près ce que le platonicien Mallarmé dit de l’Académie française : c’est un dieu tombé qui se souvient des cieux. Il représente sous une enveloppe grossière un Parlement des Idées, comme l’Académie représente, par sa forme, le Concile des Lettres françaises. Il y a autour du Parlement comme autour de l’Académie une disponibilité de foi, un crédit, qui font qu’on peut espérer à tout instant que le dieu tombé remontera, que là-bas l’idéologie politique resplendira, qu’ici les lettres pures seront honorées. La pureté du droit n’est pas entamée par la misère du fait. Cette misère du fait elle-même, c’est misère d’un droit dépossédé. Il y a en somme un Parlement idéologique que nous voyons plus ou moins divise en six travées.