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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/141

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en action dès la première secousse, par l’institution violente, mais salutaire, des comités permanents, qui partout remplacèrent toutes les autorités, et des gardes nationales qui partout maintinrent la sécurité. D’honnêtes artisans, de petits commerçants, trouvaient agréable, le soir, d’aller entendre lire tous les journaux, d’en raisonner, d’en pérorer avec leurs égaux en talent, et de se sentir partie de l’ordre politique. Plusieurs y attachaient une sorte de devoir, et bientôt les plus modérés crurent y attacher leur sûreté. Quelques phrases de journal devinrent des symboles, quelques mots vagues des arguments irrésistibles, et la bigarrure qu’offrait à cette époque la langue vulgaire dut influer sur l’incohérence des idées. »

Évidemment, les sociétés populaires de pensée, de contrôle et d’action avaient toute une éducation à faire. Mais nous sommes loin ici du Jacobin croquemitaine de M. Taine. Ébranlées par la réaction thermidorienne, refoulées dans le néant par la police de l’Empire, les sociétés de pensée ont reparu dès 1815 sous forme de sociétés secrètes. À Paris elles