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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/185

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n’en a pas, puisque les radicaux nous ont objecté la séparation de l’Église et de l’État. Nous dirons que le socialisme est un idéal, restera toujours un idéal, tandis que le radicalisme, s’il en a un, et même plusieurs, n’en est pas un, que la séparation n’en est plus un, puisqu’elle est passée dans le fait, et que la réponse du radical d’aujourd’hui qui dirait à Barrès : « Pardon ! le radicalisme a un idéal, l’école unique ! » provoquerait sans doute, à tort ou à raison, la même hilarité que la réponse de Goblet. On n’eut pas dit davantage : « Le socialisme a un idéal : les assurances sociales, — ou la journée de huit heures », qui ont été réalisées comme la séparation. L’idéal socialiste n’est jamais épuisé par la réalisation d’un but particulier, alors que l’idéal radical a subi, du fait de la séparation, une crise qui dure encore : pas plus que l’idéal chrétien n’est épuisé par une réussite particulière, soit par la vie d’un saint. L’idéal socialiste puise même sa force dans le même principe que l’idéal chrétien. Le socialisme implique le même jugement de valeur sur la société présente que le christianisme sur le