Aller au contenu

Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dessus de quarante mille francs, parce que, dans l’intervalle, il avait hérité de trente-huit mille. Sans doute est-ce là un mythe pour paysans bretons ou pour abonnés du Gaulois. Il n’en illustre pas moins la situation délicate de la doctrine socialiste, lorsqu’elle veut distinguer entre la petite et la moyenne propriété, entre la propriété paysanne et la propriété commerciale et industrielle, conserver l’une et condamner l’autre. Elle tombe alors dans le problème inextricable du continu. Et dans ce cas, mieux vaut laisser dormir la question, parler d’autre chose, prendre d’autres plates-formes, remuer d’autres idées et d’autres passions.

Enfin — et peut-être surtout — le socialisme marxiste a été plus ou moins réduit, contrôlé par le syndicalisme. Le conflit de tendances entre l’action politique et l’action syndicale a été très vif pendant la première décade du xxe siècle. Mais derrière l’action syndicale il y a un esprit syndicaliste ancien, tenace, bien antérieur aux syndicats proprement dits, de plain-pied avec les militants locaux, plus proudhonien que marxiste, et qui,