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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/209

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est bonne si elle sert les intérêts du prolétariat, et qu’il a particulièrement regardé comme souhaitable une guerre contre la Russie. C’est en partie dans son fonds marxiste que la démocratie socialiste allemande a pris l’élan qui l’a fait entrer, d’un cœur moins lourd qu’on ne l’eût cru, dans la guerre russe. Et ici l’on peut à volonté incriminer les illusions de Jaurès qui l’ont laissé croire jusqu’au bout à l’antibellicisme des socialistes allemands, ou louer la clairvoyance qui, dans la série des discours de la Paix Menacée lui a fait dénoncer inlassablement pendant dix ans dans les tractations et les combinaisons de l’alliance russe, et dans les tortueuses ténèbres du delcassisme le spectre de la guerre future. Un familier du Conciones écrirait indifféremment les deux discours, et un analyste critique verrait dans l’un et l’autre des coupes sur un complexe. L’antitsarisme était un sentiment naturel et nécessaire chez un socialiste de n’importe quelle nation : malheureusement ce sentiment faisait suite chez des socialistes allemands a un esprit national, à la vieille lutte des Germains et des