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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/211

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phile, à la manière dont un Guizot et un Tocqueville étaient anglophiles. Dans l’un et dans l’autre cas, la bonne conscience vient d’un accord entre des préférences déposées par une culture, d’une part, une idée des conditions de la paix européenne, d’autre part. Pour Jaurès, une entente franco-allemande ne faisait pas seulement sa partie dans le chœur des ententes européennes, ouvrières de la paix. Elle jouait dans le système de la paix un rôle privilégié. Elle mettait fin au plus dur procès de races de l’Europe. Surtout elle instituait au cœur de la civilisation un dualisme bienfaisant et fécond, une harmonie vivante. Quant à la question d’Alsace-Lorraine, eh bien ! mon Dieu ! ce Méridional passait le charbon sur elle, comme les républicains, soldats de l’alliance russe, avaient passé le charbon sur la Pologne. Qu’on se reporte au dialogue de Barrès et de Jaurès dans l’Enquête aux Pays du Levant ! On se rendra compte de l’opposition sans remède et de l’hostilité congénitale de l’Albigeois socialiste et du Lorrain nationaliste. On se rendra compte également de la situation