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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/22

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mateurs de toutes écoles, avec l’opposition constitutionnelle d’Odilon Barrot, avec le radicalisme de Ledru-Rollin, et surtout, à partir de 1840, avec le prestige de Lamartine, s’identifie avec un parti des idées, ce parti des idées au nom duquel Lamartine, au banquet de Mâcon, déclare la guerre aux « vils intérêts matériels ». Poète et politique, Lamartine était comme l’homme du mouvement pur ; âme même du fluide, il reste dans notre pays politique l’homme-drapeau de la marche à gauche.

Marchez ! L’humanité ne vit pas d’une idée.
Elle éteint chaque jour celle qui l’a guidée.
Elle en allume une autre à l’immortel flambeau.

Le mouvement est ici le terme positif, par rapport auquel il y a « résistance » et « réaction ». Les réactions n’ont jamais été depuis 1848 que des arrêts momentanés du mouvement, et l’ancien carbonaro Napoléon III lui-même ne présente pas sous une autre figure celle du 2 décembre. Le mouvement porte d’ailleurs un nom religieux, un nom à majuscule : c’est le Progrès. Et le