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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/31

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tantôt superficielles de l’esprit. Ils comptent puissamment auprès du public qui lit. Ils occupent les positions stratégiques de la presse et de l’édition. Ils ne touchent que peu l’école et la politique.

Les lettres, la presse, les académies, les salons, Paris en somme, vont à droite, par un mouvement d’ensemble, par une poussée intérieure comme celle qui oblige les groupes politiques à se déclarer et à se classer à gauche. S’il n’y a plus de députés dits officiellement de droite, si le mot a disparu du vocabulaire parlementaire (ce qui ne signifie pas, évidemment, que la chose ait disparu de l’hémicycle !), la classification des écrivains en écrivains de droite et écrivains de gauche est courante depuis l’affaire Dreyfus. Et, dans l’état actuel des lettres et du journalisme, le dextrisme de façade y est presque aussi normal, ou va presque autant de soi, que le sinistrisme verbal au Parlement.

Il y a là un singulier renversement. La Révolution française s’est produite d’abord parce qu’au xviiie siècle le monde des lettres avait fait bloc de gauche, avait pesé