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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/36

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républiques suisses, où les anciennes aristocraties sont entrées généralement (les exceptions sont négligeables) de plain-pied et sans réserve dans le jeu de la démocratie. Quant à la République allemande, il ne semble pas qu’elle doive évoluer ici comme la République française. On définirait en somme la réaction en France comme une résistance d’abord active, puis devenue passive, contre un régime politique qui est né beaucoup moins de la volonté générale que de la carence, de l’absence et des malheurs des anciens régimes. La troisième République n’est pas apparue en France comme un état de droit, mais comme un état de fait, dans un pays qui n’était pas républicain, qui ne l’avait jamais été, et qui le devint peu à peu comme il était devenu orléaniste après 1830, par crainte d’un cléricalisme militant. Ce cléricalisme ne fit rien pour calmer ces craintes, au contraire ! Par Henri V, le spectre dont on avait cru être débarrassé en 1830, l’alliance du trône et de l’autel, réapparut entier, accru, et donna pendant quelques années une figure matérielle, un contenu plein et précis au mot