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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/47

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même, elle s’est réalisée, que la séparation a été acceptée par le pays, et, après une résistance, par l’Église, et qu’elle a coïncidé en effet avec un progrès du vrai libéralisme. Œuvre de défense républicaine, dogme des radicaux qui l’avaient toujours inscrite dans leur programme (en 1902 il était excessif de dire qu’aucun républicain n’en voulait), la séparation a singulièrement atténué l’anticléricalisme, et c’est elle en grande partie qui a ouvert la voie à un courant libéral.

La séparation a sinon supprimé, tout au moins fort affaibli et le cléricalisme et l’anticléricalisme. En 1892, le libéralisme avait reçu de Spuller le nom d’ « esprit nouveau », et jusqu’à l’affaire Dreyfus le temps de Méline peut être compris sous ce titre à la Ramuz : le Règne de l’Esprit Nouveau. Esprit nouveau de la part de la République, ralliement, préconisé par Léon XIII, de la part de l’Église, ce climat de libéralisme excluait toute séparation de l’Église et de l’État, laquelle n’était brandie que par les anticléricaux traditionnels, les radicaux, faisait partie du programme de l’esprit ancien et de la vieille barbe. L’expé-