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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/69

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que Saint-Simon et ses disciples avaient le capitalisme devant eux, dans le siècle qui venait, et que les industriels d’aujourd’hui ont le capitalisme derrière eux, dans le siècle écoulé, comme une chose faite, dont la tradition est établie, dont le poids est imposé, dont les nécessités commandent. Ce sont des héritiers, alors que les saint-simoniens étaient des pionniers. En supprimant l’héritage ceux-ci prenaient acte de leur propre table rase. Mais moins encore que l’héritage du capital, des capitalistes ne peuvent, eux, méconnaître l’héritage du capitalisme. Saint-Simon voyait un capitalisme tel qu’il pouvait être, ou, si ou veut, tel qu’il ne devait pas être : c’était la chose à acquérir. Mais force nous est de prendre aujourd’hui le capitalisme tel qu’il est, c’est-à-dire comme la chose acquise, la fortune acquise, un système d’intérêts, une doctrine d’intérêts, une volonté d’intérêts à défendre. Pour le couvrir d’une idéologie, pour le munir et l’embellir d’un idéal, n’est-il pas trop tard ?

On en put douter, peut-être, quand le nouvel industrialisme fut pris, aidé, soulevé