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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/81

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tradition est toujours agrarienne, et la liaison entre le traditionalisme chinois et le culte de l’agriculture aurait son équivalent chez ces Chinois de l’Europe, nous-mêmes. Sous la Restauration et au temps de l’Assemblée nationale, les vrais partis conservateurs ont été agrariens. Les économistes libéraux ont tenu dans l’industrialisme une place plus ou moins copiée sur celle qu’occupaient les théoriciens doctrinaires comme Bonald et Le Play dans l’agrarisme. Le champ, le terrier de Jean Lapin, voilà la forteresse du principe héréditaire. Or l’agrarisme, comme doctrine, subsiste, de même que la France agricole, comme terroir, résiste. L’agrarisme a une bonne conscience. Son suc nourrit encore nos théoriciens nationalistes. Il est actif, vivant, dans les conseils généraux, où il fait bon ménage avec l’esprit de gauche. Il jouit de la considération des préfets. Les électeurs de notre canton de Mâcon, qui envoient au Parlement, depuis soixante ans, d’abord un radical, puis un socialiste — la marche à gauche — nomment non moins immuablement au conseil général un excellent agrarien