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Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/84

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gauche reniflera, à ce mot, une odeur de poudre. L’homme dans la rue en a presque oublié l’acception normale, remise cependant en circulation par M. Benda, et y voit l’épithète dérivée de cléricalisme, au lieu que cléricalisme soit dérivé de clérical. Catholicisme social, c’est-à-dire influence du catholicisme sur la société, pénétration de la société par le catholicisme, voilà qui, pour un républicain vigilant, cousine de bien près avec le cléricalisme, ouvre le bon œil du militant.

Rassurons le militant. Le catholicisme social, sous la figure qu’il présente aujourd’hui, et qu’il tient d’un certain passé, n’est point un cléricalisme. Il est même le contraire d’un cléricalisme : à savoir un laïcisme. J’irais plus loin. Je verrais en lui le laïcisme le plus vivant, avec des vitamines, des tragédies, des problèmes. Laïque ne se conçoit en effet que comme corrélatif de clérical (au sens non polémique : ce qui concerne le clerc). Or, depuis la séparation, le clergé, soumis au droit commun, n’a plus les moyens de faire du cléricalisme, c’est-à-dire de s’effor-