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câble, attendant avec anxiété la fin de ce drame épouvantable dont ils étaient les acteurs involontaires.

À huit heures le temps était assez clair pour laisser voir le rivage et reconnaître que le rocher menaçant au pied duquel s’agitait le brigantin était la pointe du Gros-Mâle, immense jetée naturelle taillée presque perpendiculairement, avec une plage d’un côté, longue d’environ cinquante verges, sur la côte de la Gaspésie.

Cyprien Morin engagea ses compagnons à tenter le débarquement. Le courageux second s’engagea le premier sur le mât abattu. Le gros bout de cette pièce de bois se trouvait encore attaché au vaisseau, mais l’autre extrémité ne touchait point le rocher ; il s’en manquait de vingt-cinq à trente pieds. Le capitaine Duquet suivit C. Morin.

À l’occasion de ce débarquement, une scène des plus navrantes eut lieu. La femme d’Antoine Laprise, après une nuit passée dans d’horribles angoisses,