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Tout avides de pillage, les sauveteurs voulurent négliger les victimes du naufrage dont ils profitaient. La bande entière s’apprêta à partir pour se rendre sur le brigantin. Cette démarche effraya Castagne. S’adressant à un vieillard, il lui dit :

— Bon vieillard, de grâce, restez auprès de nous. Ne nous abandonnez pas ainsi. Nous éprouvons de cruelles douleurs, ayez donc la bonté de me donner de la neige pour m’humecter la bouche, j’ai la fièvre. Ne vous éloignez donc pas, je vous en prie. Ayez un peu de compassion pour des malheureux. Ce sera peut-être la dernière bonne action que vous ferez.

Ces paroles, prononcées d’un ton suppliant touchèrent le cœur de celui à qui elles étaient adressées. Il ne suivit pas les autres.

Au retour de la chasse au butin, une tente fut dressée avec des voiles, et tout ce qu’il y avait de monde en cet endroit y passa la nuit.