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timon du gouvernail et les poulies des brasses étant glacées.

Le bâtiment frappa avec violence le rocher qui se dressait en face ; un craquement sinistre se fit entendre ; le vaisseau devint comme rompu, puis il pencha sur le côté. À chaque vague qui venait se briser sur le roc, le Swordfish disparaissait sous l’eau.

Que dire de l’affreuse situation dans laquelle se trouva alors le malheureux équipage, de la terreur qui s’empara de ces êtres humains, soutenus par une épave au-dessus de l’abîme ?

Se sauver en chaloupe n’était pas possible. Les vagues en se ruant sur le rocher abrupt atteignaient par leur sommet une hauteur de cinquante à soixante pieds. On ne pouvait ni s’orienter, ni reconnaître l’endroit où le malheur venait si tristement faire une moisson ; il neigeait trop abondamment.

De tous les hommes de l’équipage, le capitaine paraissait le plus désespéré. Saisissant un câble entre ses mains, il