DIRECTOIRE (1798). 7
y en eut un grand nombre de pris. Le désordre se
mit alors à l’intérieur. Quelques chevaliers de la
langue française déclarèrent qu’ils ne pouvaient
pas se battre contre leurs compatriotes. On en jeta
quelques-uns dans les cachots. Le trouble était
dans les têtes; les habitants voulaient qu’on se rendît.
Le grand-maître, qui avait peu d’énergie et
qui se souvenait de la générosité du vainqueur de
Rivoli à Mantoue, songea à sauver ses intérêts du
naufrage, fit sortir de prison l’un des chevaliers
français qu’il y avait jetés, et l’envoya à Bonaparte
pour négocier. Le traité fut bientôt arrêté. Les
chevaliers abandonnèrent à la France la souveraineté
de Malte -et des îles en dépendant; en retour,
la France promit son intervention au congrès de
Rastadt, pour faire obtenir au grand-maître une
principauté en Allemagne, et à défaut, elle lui assura
une pension viagère de 300.000 francs et une
indemnité de 600.000 francs comptant. Elle accorda
à chaque chevalier de la langue française
700 fr. de pension, et 1,000 pour les sexagénaires;
elle promit sa médiation pour que ceux des autres
langues fussent mis en jouissance des biens de
l’ordre, dans leurs pays respectifs. Telles furent
les conditions au moyen desquelles la France entra
en possession du premier port de la Méditerranée,
et de l’un des plus forts du monde. Il fallait
l’ascendant de Bonaparte pour l’obtenir sans com-